Le musée Guayasamín à Quito : vie et œuvre du peintre
Oswaldo Guayasamín ses œuvres engagées pour l'art, la nature et les droits de l'homme.
En bref : Peintre équatorien iconique à la création artistique débordante et ayant reçu le surnom de “ Pablo Picasso national”, Oswaldo Guayasamín a dédié sa vie à l’art et plus particulièrement à la peinture.
Installée sur une colline dominant Quito , la villa du peintre mondialement reconnu Guayasamin est aujourd’hui une fondation que l’on peut visiter. À travers les toiles exposées et les différents espaces de vie, vous serez plongé dans la vie et les pensées du seul peintre connu dans le monde entier.
Juste à côté de la fondation se trouve la Capilla del Hombre : un chef d’œuvre aux dimensions impressionnantes qui abrite d’autres collections de l’artiste. Cette visite est un coup de cœur pour tous les amateurs d’art moderne et contemporain !
Oswaldo Guayasamin, l'homme et le peintre
Oswaldo Guayasamin (son nom de famille signifie oiseau blanc en vol en quechua) est né à Quito en Equateur, d’une mère métisse et d’un père indigène, le 6 juillet 1919. Il était l’aîné d’une fratrie de 10 enfants. Sa mère est décédée jeune et a laissé à Guayasamin le souvenir d’une femme toujours enceinte. Diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Quito en 1941, à l’issue d’une période socialement agitée de l’Equateur, il est spécialisé dans la peinture et la sculpture. A l’âge de 23 ans il réalise sa première exposition: une série de voyages à travers l’Amérique Latine qui l’ont sensibilisé à l’oppression des sociétés indigènes, thématique centrale de ses chefs d’oeuvre, tout comme la pauvreté, et la division sociale.
Son style anticonformiste et revendicateur choque à l’époque: il caricature le pouvoir comme oppresseur et assassin. En 1971, Guayasamin, qui considère l’art comme le patrimoine des peuples, est élu président de la Maison de la Culture Équatorienne et crée la Fondation Guayasamin cinq ans après à Quito pour exposer ses oeuvres et sa grande collection d’art. Activiste politique et défenseur des droits indigènes, il décrivait lui-même sa peinture comme un cri désespéré qui s'ajoute aux autres cris exprimant l’humiliation et l’angoisse dans la société du XXe siècle.
Toute sa vie a été dédiée à la peinture et à dénoncer les injustices du monde: la pauvreté, la faim, l’infamie, la violence et la torture. Il a représenté ces combats encore actuels de nos jours dans ses oeuvres teintés également d’espoir et de patience ainsi que de ses rêves et idéaux ce qui l’a fait entrer dans le courant artistique du réalisme social. A sa mort en 1999, l’UNESCO lui a remis un prix pour avoir oeuvré toute sa vie à la Paix. Il a donné à l’organisation onusienne une de ses oeuvres de sa collection en hommage aux millions d’enfants qui meurent de faim chaque année dans le monde. Son style a largement été influencé par les constructivistes et l’art abstrait comme Pablo Picasso. Il est l’auteur de près de 7000 oeuvres divisées en trois étapes : “El camino del Llanto” (le chemin des pleurs), “la Edad de la Ira” (l’âge de la colère) et “la Edad de la Ternura” (l’âge de la tendresse).
Son art a été maintes fois honoré à l’international par des prix dans les Académies de Beaux Arts et biennales européennes comme latino-américaines. En 1982, il inaugure un mural de 120 mètres dans l’Aéroport de Madrid-Barajas divisé en deux parties illustrants le pont fraternel entre l’Espagne et l’Amérique Latine au centre duquel se trouve le monde précolombien. Vous pourrez l’admirer dans le couloir d’arrivée ou de départ si vous y faites escale . Mais ce n’est rien à côté du mural de 360 mètres qu’il a installé dans un des salons du Congrès équatorien. Son art contemporain en tout cas ne laisse personnes indifférent.
Guayasamin a côtoyé et peint des personnalités importantes, des politiques comme les frères Castro, le couple Mitterrand, le roi Juan Carlos d’Espagne et la princesse Caroline de Monaco, des écrivains et artistes tels que Pablo Neruda, Gabriel Garcia Marquez, Diego Rivera et Mercedes Sosa ainsi que des militants humanistes comme Rigoberta Menchu.
Visite guidée de la maison et du Musée Guayasamin à Quito
Le Musée Maison-Atelier Guayasamin est l’ancienne résidence du peintre équatorien Oswaldo Guayasamin située dans le quartier de Bellavista, et la pittoresque “loma de Guangüiltagua” à Quito. On peut profiter de la vue privilégiée sur le sud et l’ouest de la ville ainsi que sur le volcan actif Pichincha, qui a servi d’inspiration au peintre. Fermé pendant 13 ans, le musée d’art et d’histoire à ouvert en 2012 et constitue le dernier projet du maître. Le lieu associe la passion de collectionneur de l’artiste, ses oeuvres, les paysages et la nature environnante qui ont alimenté sa vie sociale et sa création picturale.
La disposition des peintures, des sculptures et des meubles est restée quasiment intacte pour respecter sa mémoire et sa volonté. En plus de ses peintures grand format, on trouve dans les différentes salles ses collections d’art précolombien, colonial et contemporain de l’Equateur ainsi que des objets d’arts venus du monde entier. Accolée à cette bâtisse se trouve l’ultime projet de l’artiste, la “Capilla del hombre” (Chapelle de l’homme) conçue par l’architecte colombien Luis Felipe Suarez Williams. L’architecture du lieu et les espaces ouverts ont été pensés par le peintre pour mettre en valeur ses objets d’art et refléter son engagement pour les Droits de l’Homme, la Paix et la Solidarité.
Le saviez-vous ? La Capilla del Hombre (Chapelle de l’Homme) a été pensée par Guayasamin en 1985 lors d’un voyage en, Egypte, Grèce et Inde où il a proposé l’idée de créer un temple dédié à l’Homme et non aux dieux comme il était d’usage de faire dans les différentes cultures et civilisations. La première pierre a été posée 10 ans plus tard et la construction s’est terminée en 2002 sans que l’artiste n'ait le temps d’en voir le bout.
La visite de la Fondation Guayasamin invite à une réflexion sur l’Histoire de l’Amérique Latine, du monde ainsi que sur les cultures ancestrales et les métissages contemporains. Il est ouvert tous les jours (sauf jours fériés) de 10h à 17h et l’entrée du musée coûte 8.00 USD pour les adultes et 4.00 USD pour les enfants jusqu’à 12 ans. Il abrite plusieurs collections permanentes. Les photos à l'intérieur du bâtiment sont interdites et la visite guidée du musée est obligatoire afin de préserver les collections présentées. Les personnes à mobilité réduite sont les bienvenues ainsi que les personnes ayant des problèmes de vue, les chiens d’aveugle et d’assistance peuvent entrer au musée. Pour fomenter la culture nationale et donner accès à tout le monde, chaque dimanche, l’entrée du musée est gratuite pour les équatoriens munis de leur carte d’identité.
Les peintures du musée Guayasamin impressionnent par leurs tailles (plusieurs mètres de haut et de large), les corps imposants, livides, squelettiques et entremêlés qui sont représentés, les couleurs: le jaune omniprésent dans les oeuvres du peintre, et leurs sujets: enfants et mères victimes des horreurs millénaires du monde (torture, violations, maladies, guerres, dictatures, protestation, terreur, silence), expressions humaines de tristesse, consternation, inquiétude et peur. La femme est souvent représentée comme protectrice et symbole du combat pour la vie, à l’image de sa propre mère.
La peinture à droite est même considérée comme l’une des 43 peintures à voir dans sa vie, entre des oeuvres de Picasso, Andy Warhol, Frida Kahlo ou Salvador Dali, par la grande revue Business Insider en 2017.
Dans le jardin, vous pourrez observer le pin planté par Guayasamin: “El Árbol de la Vida” (l’arbre de vie) au pied duquel reposent les cendres de l’artiste.
A très bientôt,
Léon de Quito
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