Le chapeau Panama depuis ses origines... en Équateur !
Comment ce chapeau, reflet de l'artisanat équatorien, s'est-il retrouvé à porter le nom d’un autre pays ? Entre création, gloire et confusion !
En bref : Le chapeau Panama, depuis peu patrimoine immatériel de l’UNESCO, est le symbole de l’artisanat équatorien. Petit tour d’horizon de cette fierté nationale!
Connu mondialement et encore très apprécié aujourd’hui, le chapeau Panama est l’une des plus grandes entourloupes de l’histoire ! Symbole de l'artisanat traditionnel équatorien, comment ce chapeau de paille est-il devenu le célèbre chapeau Panama ?
Les origines du chapeau Panama en Équateur
Indispensable pour les travailleurs équatoriens
Avant de devenir un accessoire de mode, le chapeau de paille était surtout un moyen pour les travailleurs de se protéger du soleil. C’est à la ville de Cuenca que l’on rattache habituellement la tradition du « sombrero de paja toquilla » (chapeau de paille toquilla), fabriqué à l’origine pour les travailleurs locaux.
Le chapeau Panama est au début un chapeau pour homme, de couleur ivoire ou blanc, avec de larges bords pour plus de protection contre la pluie ou les rayons du soleil. De type borsalino, il est toujours accompagné du bandeau noir. Il est de sortie pour toutes les occasions. Le couvre-chef est ensuite démocratisé et devient un accessoire de mode, unisexe, décontracté et indémodable ! La cerise sur le chapeau.. pardon, sur le gateau : de nombreuses célébrités l’ont adopté ! De Sean Connery à Pierce Brosnan, en passant par Ernest Hemingway, Lady Di, Madonna ou Pavarotti.
Adopté par les conquistadors espagnols
Lorsque que les conquistadors venus d’Espagne débarquent sur les côtes de l'Équateur vers 1532, ils remarquent que les travailleurs équatoriens portent de grands chapeaux de paille pour se protéger du soleil de plomb. Emballés par l’idée et l’aspect du chapeau, ils décident de faire fabriquer des chapeaux identiques dans la petite ville de Montecristi, sur la côte ouest du pays. Les Espagnols sont fans de ce chapeau, le roi d’Espagne va même jusqu’à en offrir à son épouse. Encore aujourd’hui, les chapeaux fabriqués à Montecristi ont la réputation d’être de la meilleure qualité qui soit car tissés plus finement (le prix en revanche est moins fin, pouvant monter jusqu’à 2 000 euros). Les chapeaux de Cuenca utilisent une paille blanchie, plus épaisse, qui permet un tissage bien plus rapide.
Le début de la gloire (et de la confusion)
Voyant que les chapeaux de paille de Montecristi gagnent en popularité, l’entreprise décide de commencer à les exporter vers les pays voisins, notamment au Panama (vous voyez déjà où cette histoire va nous mener...). Alors que commence la ruée vers l’or en Amérique, de nombreux hommes et femmes se dirigent vers les États-Unis en passant par l’isthme de Panama, achetant les chapeaux de paille équatoriens pour s’abriter du soleil.
Le piège commence doucement à se refermer...
Le chapeau Panama à l'exposition universelle de Paris en 1855
Après les États-Unis, c’est au tour de l’Europe de tomber dans les filets du chapeau Panama ! Appréciés des Espagnols, c’est lors de l’exposition universelle de Paris que les chapeaux de paille équatoriens sont ramenés pour la première fois en Europe. Ils impressionnent par la finesse de la fibre et la qualité du tissage, c’est un carton ! Mais l'Équateur ne fait pas partie des pays participants, c’est donc sous les couleurs du Panama qu’il est présenté. Napoléon III en gardera bien évidemment un exemplaire. Cela doit être plus confortable qu'une couronne, vous me direz.
La visite de Roosevelt sur le chantier du canal de Panama
En 1881 commence la construction du Canal de Panama, qui ouvrira en 1914. Des milliers de travailleurs sont déployés sur ce chantier gigantesque sous un soleil de plomb. Afin de se protéger des rayons panaméens, les travailleurs achètent en masse le fameux chapeau de paille, léger, pratique et confortable.
Malgré ses origines équatoriennes, le chapeau prend alors le nom du pays où il est le plus vendu, le Panama. Et pour ne rien arranger (façon de parler), lors de sa visite officielle sur le chantier du Canal de Panama, le président étasunien Théodore Roosevelt arbore le fameux chapeau. Le sort est scellé !
Le sombrero de paja toquilla équatorien est définitivement devenu le chapeau Panama ! Il convient de souligner que le terme « Panama » ne désigne plus un lieu géographique, mais un type de chapeau : celui tissé avec des fibres naturelles et confectionné uniquement dans certaines villes d’Équateur. Non mais, il faut rendre à César ce qui appartient à César !
Mais, comment est fabriqué le chapeau de Panama?
À l’origine, le chapeau de paille « toquilla » est tissé à la main avec les fibres des jeunes pousses des toquillales, ces palmiers caractéristiques des côtes équatoriennes, cultivés dans la région de Guayaquil.
Le processus est beaucoup plus complexe que l’on pourrait le penser, plus de 30 étapes pour être précis ! Après avoir cultivé les palmiers, séparé la fibre de l’écorce, qui est bouillie puis séchée au feu de bois avec du soufre, les tisserands doivent ensuite s'atteler au lavage, blanchiment, tressage, moulage, repassage et martèlement. Le tissage se fait sur le terrain, le lieu de travail habituel étant la maison. Cette activité s'introduit dans la vie quotidienne des artisans et n'est pas seulement un moyen de gagner un revenu, mais aussi un héritage familial, une tradition populaire. Elle fait partie de son créateur, de sa vie. Plus le tissu est fin, plus il faut de temps et de dévouement pour sa réalisation, ce qui peut aller de 2 à 4 mois. Après tout ça, on leur tire notre chapeau !
Le chapelier le plus célèbre d’Équateur est Homero Ortega à Cuenca. L’entreprise est maintenant gérée par la 5e génération, ce qui en fait la plus ancienne au niveau de production et d’exportation de chapeaux Panama et autres produits dérivés de la paja toquilla. Un musée disposant de trois salles accueille les visiteurs. La première est dédiée à l'histoire du chapeau de paille toquilla, la seconde à son processus de production et la dernière à l'histoire de l'entreprise. Le musée est situé dans les locaux commerciaux, afin que les visiteurs puissent vivre une expérience interactive et être directement impliqués dans le processus de production. Vous pouvez en effet voir les machines centenaires de mise en forme à côté d’une multitude de chapeaux Panama séchant tranquillement pendant plusieurs semaines dans la cour.
Comment reconnaître un véritable chapeau Panama ?
Et oui, cet objet mythique fait les frais de contrefaçons et imitations plus ou moins soignées, je vous aide pour savoir si votre prochain achat est de bonne qualité.
- L'ODEUR : N'oublions pas que le chapeau Panama est fait de paille de palmier, une matière première naturelle, cela signifie qu'il doit sentir. S'il ne sent pas, c'est probablement du plastique Made in China !!!
- LE TOUCHER : Comme l'a bien dit Simón Espinel, le toucher d'un bon chapeau Panama est soyeux, il ne doit pas être rêche.
- LE TISSU : Si vous tournez le chapeau à l’envers, vous pouvez voir les anneaux qui se forment lorsque le chapeau est tissé. Plus il y a d'anneaux et moins il y a d'espace entre le tissu, meilleure est la qualité du chapeau Panama. C’est un « fino » voire un « extra fino ». Un extra fino peut valoir plusieurs milliers de dollars US.
Voilà, vous avez tous les secrets pour choisir votre chapeau Panama. Pour ceux qui n’auraient pas la chance d’aller à Cuenca, Homero Ortega possède une boutique à Quito, celle-ci se trouve dans le quartier de la Floresta au centre-nord de la ville. Vous n’avez pas d’excuses !
Ces couvre-chefs faits main et imperméables font désormais partie des accessoires de mode iconiques. Le processus de fabrication traditionnel du chapeau Panama en Équateur est d’ailleurs inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO depuis 2012.
Alors, vous ai-je conquis avec toutes ces explications? Partirez-vous d’Équateur avec votre exemplaire de Panama ? N'hésitez pas à nous contacter pour recevoir des bonnes addresses pour en trouver un ainsi que d'autres petits secrets ou agender un briefing gratuit de bienvenue.
À bientôt, amis voyageurs !
Léon de Quito
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